Charles Bonnier an Hugo Schuchardt (01-01219)

von Charles Bonnier

an Hugo Schuchardt

Templeuve

13. 09. 1888

language Französisch

Schlagwörter: language Langue bleue (Bolak)language Nordostkaukasische Sprachen (nacho-dagestanische Sprachen) Schuchardt, Hugo (1885) Schuchardt, Hugo (1884)

Zitiervorschlag: Charles Bonnier an Hugo Schuchardt (01-01219). Templeuve, 13. 09. 1888. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2017). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.5246, abgerufen am 28. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.5246.


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Jeudi. 13 Septembre 88

Monsieur le Professeur.

Monsieur Suchier, professeur à Halle, près de qui j’ai été lecteur, m’invite de m’adresser à vous, dans les circonstances où je me trouve –.

Ma nationalité française a fait interdire le cours, que l’Université de Halle m’avait appelé à professer.1 Je viens vous demander, Monsieur, si vous pourriez me procurer une place auprès de vous à l’Université de Graz, comme Lecteur, par exemple, et cela dans deux buts.2

La lecture de votre ouvrage sur la „Sprachmischung“,3 m’a poussé à faire l’étude de ce phénomène sur un territoire plus restreint, dans un village, et d’en rechercher les „principes“ –.

Je serais donc très heureux de pouvoir travailler ce sujet auprès de vous. – La thèse que je vous ai envoyé de Halle4|2| vous a montré que je m’occupais surtout de patois. Je crois en effet que c’est le langage actuel, étudié dans ses phénomènes les plus simples, qui nous fera voir les „principes“ pour ainsi dire à fleur d’eau –. Ils nous donnent de plus ces fait très-simples, très-clairs, indiscutables, que Stuart Mill5 exige pour l’éducation –. Enfin ils sont sous nos yeux, et nous pouvons remonter d’eux aux phénomènes antérieurs –.

Le plan que je suivrais serait celui-ci: Ecarter du patois toutes les influences étrangères, arriver ainsi à l’avoir dans sa pureté (relative), revenir avec les principes de ces influences et ceux du patois, et voir comment ils peuvent opérer le mélange. Le Principe le plus reculé que je puisse trouver est celui de l’attraction, que vous avez indiqué dans votre livre. Tout en effet lui est subordonné, et il reste identique à travers les phénomènes.

En un mot, voilà quelle serait l’œuvre, que je serais si heureux de travailler sous vos yeux. Au besoin, et avec votre consentement, je pourrais en faire le sujet d’une thèse d’habilitation.

|3| Je ne pourrais, malheureusement, aller et vivre à Graz à mes frais, comme je le désirerais. C’est pourquoi je viens vous demander si comme Lecteur, ou avec une autre profession universitaire, je pourrais séjourner auprès de vous –.

Monsieur Suchier6, à qui vous pouvez vous adresser, me permet de me recommander de lui et je vous envoie la copie de l’attestation que Gaston Paris, dont j’ai été l’élève, a bien voulu faire pour moi.

En attendant votre réponse,

veuillez me croire, Monsieur le Professeur

Votre dévoué Serviteur
Dr. Charles Bonnier


1 Vgl. dazu Schuchardt an Hermann Suchier, HSA, Lfd.Nr. 26.25r-25v. – Bonnier schreibt dazu selber (Les souvenirs, 137-138): „Sur ces entrefaits, le Lektor pour le français étant mort subitement, je fus nommé en son lieu et place par Suchier. Le rôle de Lektor, rempli par beaucoup d’étudiants français, philosophes ou historiens, n’a rien de bien compliqué: il s’agit de faire cours en français sur tel ou tel sujet littéraire et de traduire un texte allemand. Pour le premier cours public, je choisis l’histoire du réalisme en France ce qui me permit de parler à cœur joie de Stendhal et de Duranty, ce dernier aussi inconnu des Allemands que des Français. Un jour que Suchier assistait à mon cours, j’en profitai – innocente plaisanterie – pour faire charge à fond contre Renoir qu’il admirait. […] Au mois de juillet, j’appris par les autorités universitaires que sur l’ordre du ministre de l’instruction publique, von Gossler, j’étais suspendu et révoqué de mes fonctions. Je sus par Suchier que l’Université à diverses reprises avait plaidé ma cause devant l’autorité, mais que l’ordre était irrévocable. Ceci créa un petit incident, sinon diplomatique, au moins international, Liebknecht à qui j’avais raconté mon affaire publia un article dans le Berliner Volksblatt demandant des explications, et montrant que je n’avais démérité ni comme caractère ni comme enseigenement. Un journal français s’empara de l’incident; c’état le Gil Blas je crois“.

2 Vgl. dazu Les Souvenirs, 148: „Jamais l’idée ne me serait venue d’aller faire ma carrière en Angleterre, tout me portait au contraire vers l’Allemagne, et il avait fallu la décision d’un ministre prussien, et l’absence de postes de Lektors vacants dans les universités allemandes (Schuchardt ne pouvait m’employer à Graz et Mussafia, quoiqu’il désirât m’avoir auprès de lui, ne proposait qu’un salaire minime, avec des possibilités de leçons particulières)“.

3 Vielleicht meint Bonnier Über die Lautgesetze. Gegen die Junggrammatiker, Berlin 1885, woraus er mehrfach zitiert. In Frage kommen jedoch auch andere Werke wie Slawo-deutsches und Slawo-italienisches, Graz 1845.

4 Titel s.o. („Bedeutung“).

5 John Stuart Mill (1806-1873), britischer Ökonom und Philosoph, trat in verschiedenen Essays für das Recht auf Entwicklung einer eigenen ungehinderten Persönlichkeit ein.

6 Bonnier schreibt Suchier am 31.8.1888: „D’un autre côté, Monsieur Schuchardt étant l’homme de la ,Sprachmischung‘, cela tomberait bien pour l‘étude dont je vous avais parlé: j’amasse en ce moment à Templeuve les matériaux pour cette Etude, et plus j’avance, plus je trouve de faits intéressants. Je vais d’abord isoler tous les éléments étrangers au patois pour le découvrir dans son essence, puis ensuite j’essayerai de voir comment les différents éléments ont agi sur le patois, d’après quels principes“ (SBB-PK, NL Suchier).

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 01219)